Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/489

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fermées par cent verrous d’airain et par d’éternelles chaînes de fer. Janus, à qui la garde du temple est confiée, n’en quitte jamais le seuil. Dès qu’un irrévocable décret du sénat a résolu la guerre, le consul, vêtu de la trabée Quirinale, la toge ceinte à la manière des Gabiens, ouvre ces portes aux gonds mugissants, et lui-même appelle les combats : aussitôt la jeunesse romaine applaudit, et le clairon guerrier répond par ses rauques accords. C’est ainsi que les Latins pressaient leur chef de suivre l’ancien usage, de déclarer la guerre aux Troyens, et d’ouvrir ces portes fatales : mais le roi s’abstient de les toucher, rejette avec horreur cet odieux ministère, et se cache dans les ombres du palais.

Alors la reine des dieux, descendant du ciel, pousse elle-même de sa main les portes trop lentes, les fait crier sur leurs gonds, et rompt les barrières de fer qui retiennent la guerre captive. Soudain l’Ausonie, si longtemps calme et immobile, s’embrase. Les uns se préparent à s’avancer à pied dans la plaine ; les autres s’élancent avec une ardeur guerrière sur des coursiers poudreux ; l’huile onctueuse dérouille les boucliers, et rend son premier éclat au fer des javelots ; le tranchant des haches est aiguisé sur la pierre ; on aime à déployer les étendards, à écouter la voix belliqueuse des clairons. Des armes sont forgées dans cinq grandes cités : la puissante Atine, la superbe Tibur, Ardée, Crustumère,