Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/490

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et Antemne couronnée de tours. C’est là qu’on creuse l’armure qui doit protéger la tête du soldat ; que le saule s’arrondit en boucliers, que l’argent flexible s’étend sur les cuissards polis, sur les cuirasses d’airain. Le soc et la faux perdent leurs antiques honneurs : partout les laboureurs oublient l’amour de la charrue, et retrempent aux fourneaux les épées de leurs aïeux. Déjà le clairon sonne ; déjà les ordres, tracés sur les tessères, sont portés dans les rangs : l’un court à ses lambris enlever son casque, l’autre soumet au joug ses chevaux frémissants, saisit son bouclier, revêt sa cuirasse à triples mailles d’or, et ceint sa fidèle épée.

Maintenant ouvrez-moi l’Hélicon, Muses, et soutenez mes chants : dites quels rois prirent part à la lutte ; quels peuples suivirent leurs étendards, et couvrirent de leurs phalanges ces plaines ; quels guerriers illustraient déjà l’Italie, terre féconde en héros, et quel fut l’embrasement de cette guerre. ô Muses ! vous en avez gardé le souvenir, et vous pouvez retracer l’histoire de ces temps antiques dont à peine un bruit faible est arrivé jusqu’à nous.

Le premier qui se présente avec ses bataillons armés, c’est le farouche Mézence, le contempteur des dieux, venu des bords de Tyrrhène. À ses côtés marche son fils Lausus, qui, sans Turnus de Laureute, serait le plus beau des guerriers ; Lausus, habile