Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/501

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champs des Latins, c’est ici ta demeure certaine, ici l’asile assuré de tes Pénates. Ne quitte point ces contrées, et ne te laisse point effrayer par la guerre qui te menace. Les dieux ont déposé leur colère et leur vengeance. Et, pour que tu ne te croies pas abusé par un vain songe, apprends que tu trouveras, couchée sous les chênes de ce rivage, une grande laie aux crins blancs, et pressés autour de ses mamelles trente petits nouveau-nés, blancs comme leur mère. Là sera l’emplacement de ta ville, et le terme assuré de tant de travaux ; et quand la révolution de six lustres s’achèvera, c’est là que ton fils Ascagne bâtira la ville d’Albe, au nom fameux. Je ne t’annonce rien de douteux. Maintenant écoute : je vais t’apprendre, en peu de mots, comment tu sortiras vainqueur des combats qui se préparent.

« Des Arcadiens, partis des États de Pallas sous la conduite d’Évandre, petit-fils de ce prince, se sont établis dans cette contrée, et ont bâti sur des monts une ville qu’ils appellent Pallantée, du nom de l’aïeul de leur roi. Ce peuple est toujours en guerre avec les Latins. À tes armes réunis les siennes et fais alliance avec lui. Moi-même je te guiderai sans détours entre mes rives ; j’aiderai les rameurs à vaincre et à remonter le courant de mes ondes. Lève-toi donc, fils d’une déesse, et dès que