Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/502

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les astres pencheront vers leur déclin, adresse à Junon tes prières et par d’humbles supplications désarme son courroux menaçant. Tu t’acquitteras envers moi, quand tu seras vainqueur. Je suis le fleuve chéri du ciel, le Tibre à l’onde azurée, dont les flots abondants pressent ces rives et fertilisent ces riantes campagnes. C’est ici qu’est ma superbe demeure, et d’illustres cités s’élèvent dans les lieux où commence mon cours. » Il dit, et se replonge dans ses grottes profondes. La nuit et le sommeil s’éloignent du héros.

Il se lève, et, les yeux tournés vers les rayons naissants du soleil, il puise, selon l’usage, de l’eau du fleuve dans le creux de sa main, et fait entendre ces paroles : « Nymphes de Laurente, nymphes, mères des fleuves, et toi, dieu du Tibre, père de ces ondes sacrées, recevez Énée, et éloignez de lui tous les dangers. Toi qui compatis à mes revers, en quelque lieu que soit la source d’où tu sors si majestueux et si beau, roi des fleuves de l’Hespérie, toi dont le front porte un double croissant, tu seras toujours honoré de mes vœux et de mes offrandes. Daigne m’être propice, et confirme en ce moment la foi de tes oracles. »

Il dit, et choisit dans sa flotte deux birèmes garnies de leurs rameurs, et qu’il remplit de Troyens armés. Tout à coup, un étonnant prodige vient frapper ses regards : sous les ombrages