Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/506

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Dauniens, ces peuples qui vous font une guerre cruelle, se flattent, s’ils repoussent les Troyens, qu’ils soumettront à leur joug toute l’Hespérie, et qu’ils asserviront les deux mers qui baignent son double rivage. Recevez ma foi et donnez-moi la vôtre. Nous possédons des cœurs vaillants, d’intrépides guerriers et une vaillante jeunesse éprouvée dans les combats. »

Ainsi parlait Énée, tandis qu’Évandre, observant et son visage et ses yeux, le parcourait tout entier du regard. Enfin, il lui répond ainsi en peu de mots : « Avec quelle joie, ô le plus vaillant des Troyens ! je vous reçois et je vous reconnais ! que j’aime, en vous voyant et en vous écoutant, à retrouver en vous les traits et la voix du grand Anchise, votre père ! Je n’ai point oublié que Priam, fils de Laomédon, allant visiter les États de sa sœur Hésione, vint à Salamine, et traversa les froides contrées de l’Arcadie. Alors la fleur du jeune âge couvrait mes joues de son premier duvet. J’admirais les chefs troyens, j’admirais le fils de Laomédon lui-même ; mais Anchise, par sa haute stature, s’élevait au-dessus de tous les autres. Avec toute l’ardeur de la jeunesse, je brûlais d’entretenir ce héros et de serrer sa main dans la mienne. Je l’abordai, et je m’empressai de le conduire dans les murs de Phénée. En me quittant, il me donna un riche carquois et des flèches