Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/507

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de Lycie, une chlamyde brodée d’or, et deux freins d’or, que possède maintenant mon fils Pallas. Ainsi, cette alliance que vous désirez, il y a longtemps que ma main l’a formée. Et demain, dès que le jour sera rendu à la terre, vous partirez satisfaits de mes secours, et je vous aiderai de ma puissance. En attendant, puisque c’est comme amis que vous êtes venus, célébrez, de concert avec nous, cette fête annuelle, qu’il n’est pas permis de différer, et, dès ce moment, accoutumez-vous aux banquets de vos alliés. »

Il dit, et ordonne de rapporter sur les tables les coupes et les mets qu’on avait enlevés. Lui-même il place les Troyens sur des bancs de gazon, et, pour honorer le fils d’Anchise, il le fait asseoir sur son trône d’érable, que couvre la dépouille velue d’un lion. Alors une élite de jeunes Arcadiens et le prêtre de l’autel apportent les chairs fumantes des taureaux, remplissent les corbeilles des dons de Cérès et versent la liqueur de Bacchus. Énée et ses compagnons se repaissent du dos entier d’un bœuf et de ses entrailles consacrées.

Lorsque la faim est apaisée, et que l’appétit des convives est satisfait, le roi Évandre prend la parole et dit : « Cette fête solennelle, ce banquet, cet autel consacré à un dieu si puissant, ce n’est ni une superstition vaine, ni l’oubli des anciens dieux, qui les ont établis parmi nous ; mais échappés à d’affreux périls, dans