Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/511

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sa retraite d’obscures vapeurs pour se dérober à la vue de son ennemi, et remplit la caverne d’une nuit fumante où la flamme sa mêle aux ténèbres. Alcide ne peut contenir sa rage : il bondit et se précipite à travers les feux, à l’endroit où la fumée roule ses flots les plus épais, où bouillonne dans l’antre immense le plus noir brouillard. En vain Cacus vomissait dans l’ombre l’incendie : Alcide le saisit, l’étreint de ses bras puissants, fait jaillir ses yeux de leurs orbites, et arrête dans son gosier desséché le sang avec la vie. Soudain les portes sont arrachées, la noire demeure est ouverte : les taureaux dérobés, les larcins sacriléges apparaissent au jour. Le cadavre difforme est traîné dehors par les pieds. On ne se lasse pas de regarder les yeux terribles du géant, son visage, sa poitrine hérissée de poils, et ces feux qui s’éteignent dans sa bouche béante.

« Dès lors fut instituée une fête en l’honneur du dieu, et, depuis ce temps, le peuple célébra joyeusement cet anniversaire. Potitius, qui en fut le fondateur, et la famille Pinaria, gardienne du culte sacré d’Hercule, ont élevé dans ce bois cet autel, qui toujours sera par nous appelé le grand autel, et que nous regarderons toujours comme le plus grand. Vous donc, jeunes guerriers, en récompense d’une victoire si digne de louanges, couronnez vos têtes de