Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/516

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Carènes ; ils arrivent : « Voici, dit Évandre, le seuil que franchit Alcide après sa victoire ; voici le palais qui le reçut. Osez, ô mon hôte ! mépriser les richesses ; vous aussi, montrez-vous digne d’un dieu, et regardez sans dédain notre indigence. » Il dit, et conduit le grand Énée dans son étroite demeure, et le place sur un lit de feuillage, que recouvre la peau d’une ourse de Libye.

La nuit tombe, et de ses sombres ailes embrasse la terre. Cependant Vénus, dont le cœur maternel ne s’alarme pas sans sujet des menaces des Laurentins et du tumulte de l’Italie, s’adresse à Vulcain, et, sur la couche d’or de son époux, lui souffle par ces paroles un divin amour : « Tandis que les rois de la Grèce ravageaient par la guerre Pergame dévouée à leur vengeance, et ses remparts destinés à s’écrouler dans les flammes, je n’ai demandé, pour les malheureux Troyens, ni secours, ni armes à votre art puissant. Non, cher époux, je n’ai point voulu vous fatiguer par d’inutiles travaux : et cependant je devais beaucoup aux enfants de Priam, et souvent les cruelles infortunes d’Énée ont fait couler mes larmes. Maintenant les décrets de Jupiter l’ont conduit sur les rives des Rutules. Je viens donc, suppliante, implorer un dieu que je révère ; mère, je demande des