Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/517

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armes pour mon fils. Jadis la fille de Nérée et l’épouse de Tithon surent vous fléchir par des larmes. Voyez combien de peuples se liguent, et combien de villes, à l’abri de leurs remparts, aiguisent le fer contre moi, et pour la ruine des miens. »

Elle dit, et, le voyant indécis, la déesse passe cà et là autour de lui ses bras blancs comme la neige, et le réchauffe d’un doux embrassement. Aussitôt Vulcain sent renaître son ardeur accoutumée ; un feu qu’il connaît le pénètre et court jusque dans la moelle de ses os. Ainsi un éclair brille dans la nuée fendue par le tonnerre, et la sillonne au loin d’une lumière éclatante. Vénus, qui connaît le pouvoir de ses charmes, s’aperçoit avec joie du succès de sa ruse. Alors le dieu, qu’enchaîne un éternel amour : « Pourquoi, dit-il, chercher si loin tant de raisons ? Qu’est devenue votre confiance en moi, ô déesse ? Si un semblable soin vous eût autrefois occupée, j’aurais pu, même alors, forger des armes pour les Troyens. Ni le puissant Jupiter, ni les destins n’empêchaient Troie de rester debout, et Priam de régner dix années encore. Si maintenant vous vous préparez à la guerre, et si telle est votre résolution, tout ce que mon art peut vous promettre de soin, tout ce qui peut, au moyen de mes forges et de mes soufflets, se fabriquer avec le fer, avec l’or mêlé à l’argent, vous devez l’attendre de moi. » À ces mots, il donne à son épouse les