Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/522

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Mézence, échappé du carnage, fuit chez les Rutules, et Turnus, qui l’accueille, combat pour le défendre. Mais, dans sa juste fureur, toute l’Étrurie s’est levée, et, prête à la guerre, elle redemande le tyran pour le livrer au supplice. À ces milliers de soldats, c’est vous, Énée, que je donnerai pour chef. Déjà leur flotte, pressée le long du rivage, frémit impatiente, et demande le signal du départ. Mais un vieil aruspice l’arrête par cet oracle : « Élite des guerriers de Méonie, héritiers de la gloire de nos ancêtres, un juste ressentiment vous arme, et Mézence a mérité votre ardente vengeance. Mais il n’est permis à aucun enfant de l’Italie de commander tant de forces réunies : choisissez des chefs étrangers. » Effrayée par cet avis des dieux, l’armée des Étrusques reste inactive dans ces plaines. Tarchon lui-même m’envoie par ses ambassadeurs la couronne, le sceptre et tous les insignes de la royauté : il m’appelle dans son camp, et demande que je prenne les rênes de l’empire tyrrhénien. Mais l’épuisement de l’âge et la vieillesse glacée m’envient l’honneur de commander, et je n’ai plus la force qu’exigent les combats. J’engagerais mon fils à me remplacer, si le sang d’une mère sabine ne l’unissait à l’Italie. Mais vous, que favorisent l’âge et la naissance, vous que les destins appellent et que demandent les dieux, marchez, et