Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/521

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Illustre chef des Troyens (car jamais, tant que vous vivrez, je n’avouerai que Troie soit vaincue et son empire détruit), le secours que nous pouvons vous offrir dans cette guerre est bien faible, et peu digne de votre grand nom. D’un côté, le fleuve Toscan nous enferme ; de l’autre, nous sommes pressés par les Rutules, et, jusque sous nos remparts, retentit le bruit de leurs armes. Mais je vous prépare l’alliance d’un peuple opulent et nombreux, qui unira ses armes aux vôtres : c’est une voie de salut que le hasard vous offre, et des destins propices vous amènent ici. Non loin, sur un antique rocher s’élève la ville d’Agylla, jadis fondée par des Lydiens, nation belliqueuse qui s’établit sur les monts d’Étrurie. Cette cité, longtemps florissante, tomba enfin sous les armes cruelles et sous l’orgueilleuse domination de Mézence. Vous dirai-je les exécrables meurtres et les crimes effrénés de ce tyran ? Dieux ! faites retomber sur sa tête et sur sa race de semblables forfaits ! Ce monstre, par un affreux supplice, unissait des corps vivants à des cadavres, mains contre mains, bouche contre bouche ; et les victimes, souillées d’un sang infect, périssaient d’une mort lente dans ces effroyables embrassements. Mais enfin, lassés de ses fureurs impies, les citoyens prennent les armes, l’assiégent dans sa demeure, massacrent ses complices, et lancent la flamme au faîte de son palais.