Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/528

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cette épée foudroyante, cette énorme et impénétrable cuirasse d’airain, d’un rouge sanglant, et qui ressemble à la nue d’azur, lorsque, embrasée aux rayons du soleil, elle réfléchit au loin son éclat. Puis il contemple ces brillants cuissards où l’argent flexible se mêle à l’or le plus pur, et la lance redoutable, et l’ineffable travail du bouclier.

Connaissant les oracles des destins et les événements des âges à venir, le dieu du feu avait retracé sur ce bouclier les hauts faits de l’Italie et les triomphes des Romains. On y voyait toute la suite des descendants d’Ascagne, et la série des guerres qu’ils devaient soutenir. Au fond de l’antre verdoyant de Mars, une louve, nouvellement mère, était étendue ; deux enfants jumeaux jouaient autour de ses mamelles, et tétaient sans effroi leur nourrice. Elle, tournant la tête, les caressait tour à tour, et façonnait leurs membres avec sa langue.

Non loin, on voyait Rome et les Sabines enlevées, contre le droit des gens, dans un vaste amphithéâtre, où l’on célébrait les jeux du Cirque. Soudain une guerre nouvelle s’élevait entre les sujets de Romulus et le vieux Tatius et les austères Sabins. Bientôt, la fureur des combats éteinte, les deux rois, armés, debout devant l’autel de Jupiter, la patère à la main, immolaient une laie pour cimenter leur alliance. Plus loin, deux quadriges