Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/529

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rapides emportaient en sens contraire Metius, et dispersaient ses membres. (Perfide Albain, que n’avais-tu gardé tes serments !) Tullus faisait traîner dans la forêt les entrailles du parjure, et les ronces éparses dégouttaient de son sang. Ailleurs, Porsenna ordonnait aux Romains de recevoir Tarquin chassé du trône, et ses troupes nombreuses pressaient la ville assiégée. On voyait les descendants d’Énée courir aux armes pour défendre leur liberté, et le prince Toscan s’indigner et menacer, tandis que Coclès osait rompre devant lui le pont du Tibre, et que, brisant ses liens, la valeureuse Clélie traversait le fleuve à la nage.

Au sommet du bouclier, le gardien de la roche Tarpéienne, Manlius se tient debout devant le temple de Jupiter, et occupe le haut du Capitole. Là se hérisse d’un chaume récent le palais de Romulus. Une oie aux ailes argentées voltige sous les portiques dorés, et, par ses cris, annonce la présence des Gaulois. Les Gaulois se glissent à travers les buissons, et, protégés par les ténèbres d’une nuit profonde, ils vont surprendre la citadelle. On les reconnaît à leur chevelure d’or, à leurs vêtements d’or ; leurs saies sont rayées de bandes brillantes, et à leur cou blanc comme le lait s’enlacent des colliers d’or ; chacun de ces guerriers brandit dans ses mains deux javelots des Alpes, et un long bouclier protége tout son corps.