Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/546

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inspirez tant de courage et d’audace à ses jeunes défenseurs. » En parlant ainsi, il serrait leurs mains dans les siennes, les pressait dans ses bras, et baignait de larmes leur front et leur visage. « Quel prix, jeunes guerriers, pourra jamais récompenser un pareil dévouement ! Votre conscience et les dieux vous donneront d’abord le plus flatteur de tous ; puis le pieux Énée fera le reste, et le jeune Ascagne n’oubliera jamais un tel service ! »

« Bien plus, reprend Ascagne, moi qui ne vois de salut que dans le retour de mon père, j’en jure par mes Pénates puissants, par les Lares d’Assaracus et par le sanctuaire de l’auguste Vesta, tout ce que la fortune, ô Nisus ! a mis en mon pouvoir, tout ce qu’elle me permet d’espérer, est à vous : ramenez-moi mon père ; rendez-moi sa présence ; alors je ne redouterai plus rien. Je vous donnerai deux coupes d’argent, enrichies de figures en relief, artistement travaillées, et que mon père a conquises dans Arisba vaincue ; deux trépieds, deux grands talents d’or, et un antique cratère, présent de la Sidonienne Didon. Mais, si la victoire remet un jour entre nos mains le sceptre de l’Italie, et si nous tirons au sort le butin, vous avez remarqué le coursier de Turnus et sa superbe armure : eh bien ! Nisus, ce coursier, cette armure, cette rouge aigrette, vous appartiennent d’avance, et ne seront