Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/545

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camp, sur les mesures à prendre, et sur le choix du messager qu’il fallait députer vers Énée, lorsque Nisus et Euryale se présentèrent, demandant avec instance d’être admis sur-le-champ : « L’affaire est importante, disent-ils ; quelques moments donnés à les entendre ne seront point perdus. » Iule le premier se hâte de les accueillir, et ordonne à Nisus de parler. Alors, le fils d’Hyrtacus : « Compagnons d’Énée, dit-il, prêtez-nous une oreille favorable, et ne jugez pas surtout nos projets d’après notre âge. Les Rutules, ensevelis dans le sommeil et dans le vin, gardent un profond silence : non loin de la porte du camp la plus voisine de la mer, nous avons découvert un endroit commode pour les surprendre ; leurs feux, qu’ils n’ont pas entretenus, ne font plus qu’exhaler dans les airs une noire fumée. Laissez-nous profiter d’une aussi favorable occasion : nous nous rendrons auprès d’Énée, dans les murs de Pallantée, et bientôt vous nous verrez revenir chargés, je l’espère, des dépouilles de l’ennemi, après avoir fait un grand carnage. Ne craignez pas que la route nous égare. Dans nos chasses assidues au fond des sombres vallées, nous avons vu les premières maisons de la ville, et tout le cours du fleuve nous est connu. »

Le vieil Alétès, dont l’âge a mûri l’esprit, s’écrie alors :

« Dieux de la patrie, dieux protecteurs de Troie, non, vous ne voulez pas détruire entièrement la race de Teucer, puisque vous