Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/555

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et s’endort auprès de lui du paisible sommeil de la mort.

Couple heureux ! si mes vers ont quelque pouvoir, vous vivrez éternellement dans le souvenir des hommes ; on parlera de vous, tant que la race d’Énée siégera sur l’immuable rocher du Capitole, et que le sang de Romulus donnera des lois à l’univers.

Chargés de butin et de dépouilles, les Rutules vainqueurs rapportent en pleurant le corps inanimé de Volscens dans leur camp, où la désolation n’est pas moindre à la vue de Rhamnès égorgé, de Sarranus, de Numa et de tant d’autres chefs, enveloppés dans le même carnage. On se porte en foule, à travers les ruisseaux d’un sang qui fume encore, dans ces lieux témoins de meurtres récents ; on se presse autour des cadavres et des guerriers à demi morts. On reconnaît parmi les dépouilles le casque éclatant de Messape, et ce baudrier si chèrement reconquis !

Déjà l’Aurore, abandonnant la couche dorée de Tithon, éclairait la terre de ses premiers feux, et le soleil, par sa lumière, rendait aux objets leur forme et leurs couleurs, lorsque Turnus, armé lui-même, appelle aux armes ses guerriers, et rassemble en bataille sa troupe resplendissante d’airain : chacun des chefs excite, par diverses rumeurs, la fureur des soldats. On fait plus : sur deux fers de lances, spectacle affreux ! sont attachées les têtes