Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/558

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laisse des intervalles presque vides. Les Troyens, de leur côté, habitués par un long siége à la défense de leurs murs, accablent l’ennemi d’une grêle de traits, le repoussent avec des pieux armés de fer, ou roulent des pierres d’un poids énorme pour rompre, si c’est possible, cette voûte d’airain, à l’abri de laquelle, sous leur épaisse tortue, les assiégeants bravent tous les dangers. Enfin les Rutules succombent ; car à l’endroit même où l’ennemi plus serré les menace de plus près, les Troyens roulent et précipitent une vaste et lourde masse : elle tombe avec fracas sur les Rutules qu’elle écrase, et brise le rempart de boucliers qui les protége. Les Rutules, malgré leur audace, ne songent plus à prolonger le combat sous l’abri de la tortue, et s’efforcent de chasser les Troyens de leurs retranchements, en lançant d’innombrables javelots. Plus loin, Mézence, terrible à voir, agite une torche de pin d’Étrurie et lance des brandons fumants, tandis que le fils de Neptune, Messape, dompteur de coursiers, arrache les palissades, et demande des échelles pour monter à l’assaut.

Ô vous, Muses, et toi surtout, Calliope, je vous en conjure, soutenez ma voix ! Dites par quel carnage, par quelles funérailles se signala le glaive de Turnus ; quels guerriers furent précipités aux enfers. Déroulez avec moi ces grandes images de la guerre :