Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/560

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milieu de la troupe nombreuse de Turnus et pressé de tous côtés par les Latins, tel qu’une bête féroce qui, partout enveloppée d’un cercle de chasseurs, se déchaîne avec fureur contre les dards, se jette au-devant d’une mort certaine, et d’un bond franchit les épieux, le jeune Hélénor se précipite au milieu des ennemis, là où les piques et les javelots plus serrés lui assurent une mort inévitable.

Mais, plus prompt à la course, Lycus fuit au travers des ennemis et dés armes ; déjà il est au pied des murs : il s’efforce d’en atteindre le faîte et de joindre sa main à celles que lui tendent ses compagnons. Turnus, un javelot à la main, le poursuit en courant, et insulte en ces termes à sa défaite : « Insensé, as-tu cru pouvoir nous échapper ? » Aussitôt il saisit le guerrier suspendu, et l’arrache avec un large pan de muraille. Tel l’oiseau de Jupiter fond sur le lièvre timide ou sur le cygne au blanc plumage, et les enlève dans ses serres sanglantes au plus haut des cieux : tel un loup cruel entraîne loin du bercail le jeune agneau que rappellent en vain les longs bêlements de sa mère. Une immense clameur se fait entendre : on s’avance, on comble les fossés ; on lance au faîte des remparts des torches ardentes.

Ilionée, du poids d’un roc, fragment énorme d’une montagne, écrase Lucétius, au moment où il approche la torche incendiaire