Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/564

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ter maintenant à la valeur par tes discours arrogants ! Voilà comme répondent à leurs ennemis ces Phrygiens deux fois captifs ! » Ascagne ne dit que ces mots ; les Troyens l’accueillent avec des cris et des transports de joie, et la fierté de leur succès les élève jusqu’aux nues.

Cependant Apollon, assis sur un nuage, contemplait de la sphère étoilée l’armée des Rutules et le camp des Troyens : il adresse ces mots au vainqueur : « Courage, enfant ! déploie ta jeune valeur : c’est ainsi que l’on monte aux astres. Fils des dieux, des dieux naîtront de toi : toutes les guerres ordonnées par le destin devront s’apaiser sous la race d’Assaracus : Troie ne peut plus te contenir. » Il dit, descend du haut des cieux, écarte les nuages, et se rend auprès d’Ascagne, sous les traits du vieux Butès : autrefois écuyer d’Anchise, et gardien fidèle de son palais, Butès avait été attaché par Énée à la personne d’Ascagne. Apollon avait emprunté sa voix, son teint, ses cheveux blancs, et son armure au bruit terrible. « Contente-toi, fils d’Énée, dit-il au jeune prince bouillant encore de l’ardeur du combat, d’avoir impunément fait tomber Numanus sous tes coups. Rends grâces de ce premier succès au grand Apollon, qui ne t’envie point des armes égales aux siennes : mais désormais, en-