Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/565

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fant, épargne-toi d’autres luttes. » À ces mots, Apollon se dérobe rapidement à la vue des mortels, et disparaît dans les airs vaporeux. Les chefs troyens ont reconnu le dieu et ses armes divines, et, dans sa fuite, ont entendu résonner son carquois. Dociles à ses avis, ils modèrent l’ardeur belliqueuse d’Ascagne, et l’éloignent du combat ; pour eux, ils revolent vers l’ennemi, et courent au-devant de tous les dangers.

Un cri général s’élève sur toute la ligne des remparts ; tous les arcs sont tendus ; les traits volent ; le sol en est jonché ; les boucliers, les casques retentissent du choc répété des armes, au milieu d’une affreuse mêlée. Telle, la pluie, accourue des régions du couchant, sous l’influence des chevreaux orageux, bat la terre inondée ; telle, une grêle épaisse se précipite des nuages, lorsque Jupiter en courroux, déchaînant les vents du midi, et, avec eux, les noires tempêtes, déchire le flanc des nuées.

Pandarus et Bitias, fils d’Alcanor l’Idéen, que la sauvage Iéra éleva dans le bois sacré de Jupiter, et qui égalaient par leur haute stature les sapins et les monts de leur patrie, ouvrent la porte dont la garde leur fut confiée par le chef, et, pleins de confiance dans leur valeur, provoquent l’ennemi à la franchir. Eux-mêmes, dans l’intérieur, se placent à droite et à gauche devant