Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/569

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Il dit : Pandarus rassemble ses forces, et lui lance un javelot hérissé de nœuds, et que recouvre une dure écorce : mais il n’a blessé que l’air ; Junon a détourné le coup, et le trait s’enfonce dans la porte. « En voici un que tu n’éviteras pas de même ; aussi est-il lancé par un autre bras que le tien ! » Ainsi parle Turnus, et, se redressant, il lève sa redoutable épée, qu’il laisse retomber sur le front de Pandarus, entre les deux tempes, et, par une horrible blessure, sépare ses deux joues, que ne couvrait pas encore le duvet de l’adolescence. La terre retentit, ébranlée sous le poids du géant : sa cervelle sanglante souille ses armes, et sa tête, partagée, pend également sur l’une et l’autre épaule.

Les Troyens fuient, glacés de terreur ; et si Turnus eût profité de ce moment d’effroi pour briser les portes et introduire son armée, ce jour était le dernier de la guerre et du peuple Troyen ; mais la fureur et la soif du carnage entraînent l’ardent guerrier au milieu des ennemis. D’abord il attaque Phaléris, puis Gygès, à qui il coupe le jarret ; et les traits qu’il leur dérobe, il les lance au dos des fuyards : Junon anime ses forces et son courage. Halys, et Phégée, dont il a percé le bouclier, ne tardent pas à suivre