Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/578

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sonné dans la forêt, le premier souffle des vents, dont le sourd murmure annonce la tempête qui menace les matelots.

Alors le père des dieux, souverain arbitre de l’univers, prend la parole : soudain un profond silence règne dans l’Olympe ; la terre tremble sur sa base, les zéphyrs retiennent leur haleine, et la mer calmée abaisse ses flots.

« Écoutez ! et que mes paroles demeurent gravées dans votre souvenir. Puisque nulle alliance ne peut unir les Ausoniens aux Troyens, et que vos discordes n’ont point de terme ; quelles que soient désormais la fortune ou les espérances des deux peuples, Rutules ou Troyens sont égaux pour moi, soit que les Italiens tiennent Troie assiégée par l’ordre des destins, soit qu’une erreur funeste égare les Troyens, abusés par de faux oracles : je n’affranchis pas les Rutules du sort qui leur est réservé : chacun devra à lui-même ses revers ou ses succès. Jupiter, impartial, sera le même pour tous : les destins s’accompliront. »

Il dit, et prenant le Styx et ses noirs torrents à témoin de ses paroles, il fait un signe de tête qui ébranle tout l’Olympe. Il se lève alors et descend de son trône d’or ; et le céleste cortége le reconduit jusqu’au seuil de son palais.

Cependant les Rutules, la flamme et le fer à la main, sèment la mort sur leurs pas, et menacent à la fois toutes les portes. Pressée