Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/582

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lubre Gravisque et des bords du Minion, marchent, sous ses ordres, et tous se font une joie de le suivre.

Je ne t’oublierai point, Cynire, le plus intrépide chef des Liguriens ; et toi, Cupavon, qu’accompagne un petit nombre de guerriers, et dont le casque est ombragé de plumes de cygne : emblème de la métamorphose de ton père, dont l’amour fit le crime. On raconte, en effet, qu’accablé de la perte de son cher Phaéthon, Cycnus se retira à l’ombre des peupliers, autrefois sœurs de son ami : tout entier à sa douleur, qu’il s’efforçait d’adoucir par ses chants, il vit sa vieillesse se revêtir d’un blanc et moelleux plumage ; il quitta la terre, et s’éleva en chantant vers les astres. Son fils, qu’accompagnent des guerriers de son âge, fait marcher à force de rames l’énorme Centaure. Armé d’un gigantesque rocher, le monstre semble s’élancer de la proue sur les flots qu’il menace, et que sillonne profondément sa longue carène. Fils de la prophétesse Manto, et du fleuve qui baigne la Toscane, Ocnus amenait des rives de sa patrie une troupe nombreuse. C’est lui, ô Mantoue, qui a fondé tes murailles, et qui t’a donné le nom de sa mère ; Mantoue, justement fière de tes fondateurs d’origine diverse. Trois nations différentes se divisent chacune en quatre tribus, qui toutes se rattachent à toi, fortes du sang toscan qui coule dans leurs veines.