Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/583

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Cinq cents guerriers marchent contre Mézence : le front ceint de verts roseaux, le Mincius, fils de Benacus, guide à travers les eaux leur proue menaçante. À leur suite s’avance pesamment Aulestès, qui frappe de cent avirons l’onde écumante : il est porté par l’énorme Triton, dont la conque effraie les mers ; c’est, de la tête aux flancs, un homme qui nage ; le ventre se termine en baleine, et le flot écumant murmure sous la poitrine du monstre. Tels sont les guerriers d’élite qui, montés sur trente vaisseaux, fendent la plaine liquide, et volent au secours des Troyens.

Déjà le jour avait quitté le ciel, et la brillante Phébé, sur son char nocturne, foulait le milieu du firmament. Assis à la poupe de son vaisseau, Énée, à qui les soucis ne permettent aucun repos, préside lui-même au gouvernail et à la direction des voiles. Tout à coup s’offre à sa rencontre le chœur aimable de ces nymphes qui, de vaisseaux qu’elles étaient, sont devenues, par la volonté de Cybèle, des divinités de la mer : égales en nombre à celui des navires qui avaient bordé le fleuve, elles fendaient les flots d’un mouvement égal, reconnaissaient de loin leur roi, et l’entouraient d’un joyeux cortége.

La plus éloquente d’entre elles, Cymodocée, appuyée d’une main sur la poupe du vaisseau d’Énée, tandis que l’autre la sou-