Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/598

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tête sans l’atteindre. Il tombe aux genoux d’Énée, et lui dit, en le suppliant : « Par les mânes d’Anchise, par les espérances qui croissent avec le jeune Iule, je t’en conjure, conserve un fils à son père, un père à son fils ! Je possède un magnifique palais dont les souterrains recèlent d’immenses trésors et une grande quantité d’or encore brut ou déjà façonné. Ce n’est pas de moi que dépend la victoire des Troyens : un si haut prix ne saurait être attaché à la vie d’un seul homme. — Tous ces trésors dont tu parles, Énée, garde-les pour les tiens. Turnus, en égorgeant Pallas, a rompu tout commerce entre nous. Voilà ce que veulent les mânes de mon père Anchise, voilà ce que veut Iule. » Il dit, saisit de sa main gauche le casque de Magus, lui rejette la tête en arrière, et lui plonge dans la gorge son glaive tout entier. Non loin de là, le fils d’Hémon, consacré au culte d’Apollon et de Diane, le front ceint du bandeau sacré, se faisait remarquer par son riche vêtement et par l’éclat de ses armes : Énée l’attaque, le poursuit, le renverse et l’immole : la mort l’enveloppe soudain de ses ombres épaisses. Sergeste rassemble et enlève sur ses épaules les armes du vaincu, pour t’en faire un trophée, puissant dieu de la guerre.

Céculus, issu de Vulcain, et Umbro, venu des montagnes du