Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/606

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qu’un énorme rocher qui s’avance fièrement au sein des vastes mers, exposé aux fureurs des vents et des flots, et qui brave, immobile, les menaces du ciel et des ondes conjurées, le terrible Mézence immole Hébrus, le fils de Dolichaon ; Latagus, et Palmus qui fuyait devant lui : Latagus marchait à lui : Mézence lui brise la tête avec un énorme fragment de rocher ; il coupe le jarret au lâche Palmus, et le laisse roulant sur la poussière : il donne ses armes et l’aigrette de son casque à Lausus, qui en charge aussitôt sa tête et ses épaules. Il égorge Évanthès le Phrygien et Mimas, compagnon de Pâris, et du même âge que lui. Mimas, fils d’Amycus et de Théano, était né la nuit même où la reine, fille de Cissée, croyant porter une torche dans ses flancs, mettait au monde Pâris. Mais Pâris a trouvé un tombeau dans sa ville natale, et Mimas gît ignoré dans les champs laurentins. Ainsi, lorsqu’un vieux sanglier, dont les pins du Vésuve ont longtemps assuré la retraite, et que les marais de Laurente nourrirent longtemps dans leur forêt de roseaux, se précipite du haut des montagnes pour échapper à la meute qui le poursuit ; dès qu’il se voit pris dans les rets, il s’arrête et frémit de rage, et son dos se hérisse. Aucun des chasseurs n’ose braver de près sa colère ; mais leurs flèches et leurs cris le harcellent prudemment de loin ; l’intrépide