Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/618

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retentit de gémissements et de sanglots. En voyant la tête de Pallas appuyée sur le lit funéraire, son visage aussi blanc que la neige et, sur sa blanche poitrine, cette large blessure faite par le glaive Ausonien, Énée ne peut retenir ses larmes : « Malheureux enfant, s’écrie-t-il, la fortune, prête à me sourire, avait donc décidé que tu ne me verrais pas possesseur de mes nouveaux États, et que tu ne rentrerais pas vainqueur au foyer paternel ! Ce n’est pas là ce que j’avais promis à Évandre en le quittant, lorsque, dans les embrassements qui attendrirent nos adieux, il m’envoyait à la conquête d’un grand empire et m’annonçait, dans sa sollicitude, quels peuples aguerris et redoutables j’aurais à combattre. Peut-être, en ce même moment, flatté d’une vaine espérance, forme-t-il des vœux ; peut-être charge-t-il les autels de présents pour obtenir des dieux le retour de ce fils que nous lui renvoyons, hélas ! privé de la vie et n’attendant plus rien de la faveur céleste ! Malheureux père, tu verras donc les funérailles de ton fils ! Voilà ce retour, ces triomphes que tu attendais sur la foi de mes promesses ! Du moins tu ne le verras pas couvert de honteuses blessures, et il ne t’aura pas fait désirer la mort, en achetant son salut au prix du déshonneur. »

Après avoir ainsi exprimé sa douleur, Énée fait enlever ces dé-