Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/619

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plorables restes, et désigne un corps de mille guerriers d’élite pour composer le cortége funèbre et mêler leurs larmes à celles d’Évandre : faible consolation d’un si grand deuil, mais bien due à ce malheureux père ! Cependant on se hâte de former un léger brancard avec des rameaux d’arbousier et de chêne entrelacés et parés de leur feuillage.

C’est sur ce lit agreste que l’on place le fils d’Évandre : semblable à la douce violette ou à la pâle hyacinthe que vient de cueillir une main virginale : la fleur conserve encore son éclat et sa beauté, mais la terre maternelle ne lui fournit plus les sucs qui la nourrissaient. Énée fait ensuite apporter deux superbes voiles, où l’or brille sur la pourpre : c’est l’ouvrage de Didon, qui se plut à les ourdir de sa main, en nuançant la trame d’un mince filet d’or. De l’un (triste et dernier hommage de sa douleur !) Énée revêt le corps de Pallas, et il étend l’autre autour de cette belle chevelure que la flamme va dévorer. D’après son ordre, une portion considérable du butin fait à la suite des divers combats, les coursiers et les armes que le jeune guerrier avait enlevés lui-même à l’ennemi, sont portés par une longue file de soldats : puis suivent tristement, et les mains attachées derrière le dos, les malheureux captifs dévoués aux mânes de Pallas, et dont