Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/629

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Mais j’ai dû prévoir et redouter ces maux, depuis le jour où mon audace sacrilége osa combattre les dieux même, et outrager par une blessure la main de Vénus. Gardez-vous de me pousser à de pareilles luttes ! Après la ruine de Pergame, je n’ai plus à combattre les Troyens : je veux oublier ce qu’ils ont souffert, et je ne m’en réjouis pas. Les présents que vous m’avez apportés de votre patrie, réservez-les pour Énée. Tous deux, en présence l’un de l’autre, nous avons mesuré nos forces ; croyez-en mon expérience : qu’il est terrible sous le bouclier ! avec quelle vigueur il darde le javelot ! Si la Phrygie avait enfanté deux guerriers tels que lui, ce sont les Troyens qui seraient venus mettre le siége devant nos villes, et la Grèce eût pleuré sa défaite. C’est Hector, c’est Énée qui ont arrêté l’effort et le progrès de nos armes, et qui ont retardé pendant dix ans la victoire des Grecs. Ils furent également célèbres, l’un et l’autre, par leur courage et leurs exploits ; mais Énée l’emportait par sa piété. Croyez-m’en donc : recherchez à tout prix son alliance, et gardez-vous de mesurer vos armes avec ses armes. —

« Telles furent, ô le meilleur des rois, la réponse de Diomède et son opinion sur cette guerre importante. »

À peine Vénulus a-t-il parlé, son discours excite parmi les Au-