Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/632

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importants ; puissant à captiver l’esprit du peuple ; fils d’un père sans nom, mais fier de sa noblesse maternelle, tel était Drancès. C’est par ces mots qu’il aigrit et amasse la colère des auditeurs contre son ennemi : « Excellent roi, tout ce que vous avez dit n’a rien d’obscur et n’a pas besoin de nos suffrages. Chacun sait très-bien ce qu’exige le salut du peuple, mais personne n’ose le dire. Qu’il nous laisse donc la liberté de parler, et rabatte sa présomption, celui dont l’influence malheureuse et le génie sinistre (car je dirai la vérité, bien qu’il me menace de son glaive et de la mort) ont fait périr l’élite de nos chefs, et plongé dans le deuil la ville entière ; celui qui tente l’attaque du camp troyen, en se fiant à la fuite, et qui prétend effrayer le ciel même de ses armes.

« À ces présents que vous destinez aux Troyens ajoutez un nouveau don : que nulle violence n’empêche un père de donner à sa fille un gendre illustre, digne d’un tel hymen, et de cimenter la paix par une alliance éternelle. Si telle est toutefois la terreur dont un seul homme glace tous les cœurs et tous les esprits, conjurons Turnus de laisser le roi et la patrie user du droit qui leur appartient. Quand cesseras-tu, ô Turnus, toi la source et la cause de tous nos désastres, de jeter tes concitoyens