Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/639

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tressaille, et déjà, en espérance, il se précipite sur l’ennemi. Tel, libre enfin de ses liens, un coursier s’échappe de sa prison, et s’empare de la plaine qui s’ouvre devant lui : tantôt il court dans la prairie vers les cavales ; tantôt il se plonge dans le fleuve accoutumé : frémissant, il redresse la tête avec une noble fierté, et sa flottante crinière se joue sur son cou et sur ses épaules.

Camille, à la tête de ses troupes Volsques, s’offre d’abord à la rencontre de Turnus. Aux portes mêmes de la ville, elle s’élance de son coursier : ses guerriers l’imitent et mettent, comme elle, pied à terre : « Turnus, dit-elle, s’il est permis d’avoir quelque confiance dans son courage, j’oserai, je vous l’assure, soutenir le choc des escadrons troyens, et marcher ensuite contre la cavalerie tyrrhénienne. Laissez-moi tenter les premiers hasards du combat, et vous, avec l’infanterie, restez au pied des murs, et défendez ces remparts. » Turnus, le regard attaché sur la vierge redoutable : « Ô vierge, l’honneur de l’Italie, comment vous exprimer, comment vous prouver ma reconnaissance ? Puisque votre courage s’élève au-dessus de tous les dangers, partagez avec moi les travaux de la guerre. La Renommée et mes émissaires m’apprennent d’une manière certaine que l’audacieux Énée a détaché en avant sa cavalerie légère pour battre la plaine, tan-