Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/640

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dis qu’il s’approche lui-même par les hauteurs, avec le reste de son armée, pour surprendre la ville. Mais je lui prépare une embuscade dans le chemin creux de la forêt, et des soldats armés fermeront la double issue de ce défilé. Apprêtez-vous à recevoir vigoureusement la cavalerie tyrrhénienne : Messape, les Latins et les braves Tiburniens seront avec vous. Soyez leur chef, et chargez-vous des soins du commandement. » Il dit, et, par de semblables discours, il excite au combat Messape et les autres chefs ; puis, il vole à l’ennemi.

Entre deux collines, que cache une masse épaisse de feuillages, serpente un vallon dont la gorge étroite est d’un accès pénible et dangereux : le défilé est dominé par un plateau qu’on ne soupçonne pas, et d’où l’on peut, en sûreté, fondre sur l’ennemi à droite et à gauche, ou faire rouler sur lui d’énormes rochers : c’est un poste favorable pour les ruses de guerre et les embuscades. Turnus se rend dans ce lieu par des routes qui lui sont connues ; il s’en empare, et s’établit dans ces bois perfides.

Cependant, au séjour des dieux, la fille de Latone confie ses vives alarmes à l’agile Opis, l’une de ses nymphes, et lui dit avec douleur : « Camille s’engage dans une guerre funeste, ô vierge, et c’est en vain qu’elle se couvre de nos armes : Camille