Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/641

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

m’est plus chère qu’aucune autre ; ma tendresse pour elle n’est pas un sentiment né d’hier, un caprice, un attrait subit. Métabe, son père, chassé de ses États par ses propres sujets, auxquels sa tyrannie l’avait rendu odieux, et forcé de quitter l’antique Priverne, associa sa fille encore enfant aux dangers de la guerre et aux fatigues de l’exil, et du nom de Casmille, sa mère, par un léger changement, il l’appela Camille. Lui-même la portait pressée sur son sein, et cherchait, dans sa fuite, les sommets escarpés, les bois solitaires, harcelé de tous côtés par les traits des Volsques acharnés à sa poursuite. Sa course le conduit aux bords de l’Amasène, dont les eaux débordaient en écumant sur ses rives inondées, tant la pluie était tombée des nuages en abondance ! Métabe s’apprêtait à le franchir à la nage ; mais, tremblant pour son cher fardeau, il cède à la tendresse paternelle, il renonce à son premier projet, et s’arrête à celui-ci : il était armé d’une longue et forte javeline, chargée de nœuds et durcie au feu : il enveloppe sa fille dans une écorce de liége sauvage, l’attache adroitement au milieu de sa javeline, et m’adresse cette prière : — « Déesse des forêts, auguste fille de Latone, je te consacre