Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/645

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replient à toute bride. Tels, soumis au mouvement alternatif qui les pousse, les flots de la mer tantôt envahissent le rivage, inondent les rochers d’écume, et s’étendent en lames sinueuses, tantôt abandonnent la grève en bouillonnant, et, revenant sur eux-mêmes, emportent, dans leur reflux, les pierres qu’ils avaient roulées. Deux fois les Étrusques ont repoussé les Rutules jusqu’au pied des murailles ; deux fois, repoussés à leur tour, ils ont tourné le dos, en se couvrant de leurs boucliers.

Mais un troisième choc a mis aux prises les deux armées tout entières ; on s’attaque corps à corps ; partout se font entendre les cris plaintifs des mourants ; les armes, les combattants, les chevaux nagent pêle-mêle dans des flots de sang. Une affreuse bataille s’engage.

Orsiloque, n’osant attaquer Rémulus de front, dirige contre son cheval un javelot, dont le fer l’atteint à l’oreille et s’y enfonce. Furieux de l’insupportable douleur que lui cause sa blessure, l’animal se cabre, redresse son poitrail, bat l’air de ses pieds et renverse son cavalier. Catillus immole Iolas, ainsi que le terrible Herminius, également redoutable par sa valeur, sa taille et ses armes ; sa tête est nue, et sur ses épaules nues flotte une blonde chevelure. Son audace semble défier les blessures ; tant il présente de surface aux coups de l’ennemi ! Mais le trait a percé de part