Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/646

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en part les larges épaules du guerrier qui, dans les convulsions de la douleur, se tord et se replie sur lui-même. Des torrents d’un sang noir coulent de tous côtés ; les combattants sèment partout le carnage, ou se jettent au-devant des glaives ennemis pour trouver une mort glorieuse.

Au milieu de cette affreuse mêlée bondit l’amazone Camille, le sein nu pour le combat, et le carquois sur l’épaule. Tantôt sa main fait voler une grêle de traits rapides ; tantôt la pesante hache à deux tranchants arme son bras infatigable : sur ses épaules retentissent l’arc d’or et les armes de Diane. Sa retraite et sa fuite même, quand elle s’y voit forcée, sont encore redoutables pour l’ennemi, que ses flèches ne cessent de harceler. Autour d’elle se trouve l’élite de ses compagnes, la vierge Larina, Tulla, et Tarpeia qui brandit une hache d’airain, jeunes Italiennes que la divine Camille avait choisies pour faire l’ornement de sa cour, et pour la seconder dans les travaux de la paix comme dans les périls de la guerre. Ainsi lorsque les Amazones foulent les rives du Thermodon et font la guerre avec leurs armes peintes, tantôt elles entourent Hippolyte, tantôt elles suivent, en poussant des hurlements confus, le char de la belliqueuse Penthésilée, et bondissent en agitant leurs boucliers courbés en forme de croissant.

Quel fut le premier, quel fut le dernier qui tomba sous ton