Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/649

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doit porter la peine de sa folle présomption. » Il dit : Camille qu’enflamment la colère et l’indignation remet son cheval à l’une de ses compagnes, et s’avance intrépide avec des armes égales, à pied, l’épée nue et couverte d’un simple et léger bouclier. Mais le jeune guerrier, triomphant déjà du succès de sa ruse, prend soudain son vol, et s’enfuit en tournant la bride de son cheval, dont il hâte, à coups d’éperons, la course rapide. « Perfide Ligurien, dont le cœur s’enfle d’un vain orgueil, c’est en vain que tu as appelé à ton aide ta fourbe héréditaire, et, malgré ton artifice, tu ne retourneras pas vivant vers le trompeur Aunus. » À ces mots, prompte comme la foudre, elle s’élance avec impétuosité, devance le coursier, le saisit par le frein, attaque de front son ennemi, qu’elle immole à sa vengeance. Tel, du haut d’un rocher, l’épervier, oiseau sacré, se précipite non moins facilement sur la colombe qui s’élève dans les nues ; il la saisit, l’étreint, et de ses griffes tranchantes lui déchire les entrailles. Le sang et les plumes arrachées tombent du haut des airs.

Cependant le père des hommes et des dieux, assis au plus haut de l’Olympe, contemple avec attention ce spectacle. Il réveille dans le cœur du Tyrrhénien Tarchon l’ardeur des combats, et vivement aiguillonne sa colère. Tarchon se précipite donc sur son coursier au milieu du carnage et des bataillons ébranlés. Il appelle chacun