Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/650

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par son nom ; il rallie et ramène les fuyards au combat, et gourmande en ces mots leur effroi : « Quelle terreur subite s’est emparée de vos esprits, lâches Tyrrhéniens, qu’aucun reproche, qu’aucune injure n’émeut ! Eh quoi ! une femme vous met en désordre ! une femme vous fait fuir devant elle ! Pourquoi donc ce fer, pourquoi ces traits qui arment vainement vos bras débiles ? Vous êtes moins indolents pour les combats nocturnes de Vénus, et quand la flûte recourbée vous appelle aux fêtes de Bacchus, alors vous savez vous jeter sur les mets et sur les coupes qui garnissent la table du festin. Voilà ce que vous aimez, voilà ce qui vous charme ; heureux, si un aruspice favorable annonce un banquet sacré, et si une grasse victime vous appelle au fond des bois ! »

Il dit, et, prêt à mourir, il pousse son cheval au milieu de la mêlée. Dans sa fureur, il s’élance sur Vénulus : il le saisit, le serre avec force dans ses bras vigoureux, l’enlève de cheval et l’emporte. Un cri s’élève jusqu’au ciel, et tous les Latins tournent les yeux de ce côté : Tarchon, prompt comme l’éclair, vole dans la plaine, portant l’homme et son armure. Il arrache, en la brisant par le bout, le fer qui arme la lance de son ennemi, et cherche, pour le frapper du coup mortel, l’endroit où l’armure laisse un intervalle libre. Vénulus écarte avec résistance la main suspendue sur sa gorge, et oppose la force à la force. Tel un aigle, au plu-