Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/653

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Apollon entendit ces vœux d’Aruns : il en exauça une partie, et laissa l’autre se disperser au sein de l’air : il permit au guerrier suppliant de renverser Camille par une mort soudaine ; mais il ne lui accorda pas de revoir sa patrie, et ses dernières paroles furent emportées par les vents orageux. Lors donc que le trait lancé par Aruns a sifflé dans les airs, tous les esprits, dans le trouble qui les agite, tous les regards se tournent vers la reine ; mais le bruit de l’air agité, le vol sifflant du dard, elle ne s’en aperçoit qu’au moment où le fer se plonge au-dessous de son sein découvert, et, dans une plaie profonde, s’abreuve de son sang virginal. Ses compagnes accourent éperdues, et soutiennent leur reine qui tombe. Effrayé plus que tous les autres, Aruns s’enfuit avec une joie mêlée de crainte ; il n’ose plus se fier à sa lance, ni affronter les flèches de l’amazone. Tel, avant que les traits ennemis le poursuivent, s’échappe un loup qui vient de tuer un berger ou un superbe taureau : il fuit, effrayé de son audace, et s’enfonce dans les bois en serrant honteusement sa queue tremblante : tel Aruns, troublé, se dérobe à tous les yeux, et, trop heureux de fuir, se mêle à la foule des combattants.

Camille mourante s’efforce cependant d’arracher le trait de sa