Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/652

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étrangère de couleur sombre, lançait des traits de Gortyne avec un arc de Lycie : un carquois d’or résonne sur ses épaules ; sa tête est couverte d’un casque d’or, et une agrafe d’or rassemble les plis ondoyants de sa jaune chlamyde : l’aiguille a brodé sa tunique et l’armure phrygienne qui recouvre ses cuisses. L’amazone, soit pour suspendre des armes troyennes aux voûtes d’un temple, soit qu’elle voulût se parer à la chasse de ce riche butin, poursuit aveuglément, parmi tous les combattants, Chorée lui seul, et, se jetant sans précaution au milieu de la mêlée, brûle, avec une ardeur de femme, de conquérir cette riche proie. Aruns, qui lui tendait un piége, saisit cette occasion pour lui lancer son javelot, en adressant aux dieux cette prière : « Puissant Apollon, gardien du Soracte sacré, toi que nous adorons avant tous les dieux ; toi pour qui nous entretenons la flamme de nos pins entassés ; pour qui, dans notre zèle pieux, nous foulons avec confiance les charbons ardents du brasier ; donne à mes armes d’effacer notre honte. Je ne demande, pour prix de la victoire, ni la dépouille de l’amazone, ni aucun butin ; d’autres exploits illustreront mon nom ; mais que ce cruel fléau tombe sous mes coups, et je consens à retourner sans gloire dans ma patrie. »