Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/656

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tandis que de sa main gauche elle touche la pointe du dard, elle ramène de la droite la corde contre son sein. Le trait vole : Aruns entend le bruit de la flèche qui siffle et résonne dans l’air, et le fer s’enfonce dans son corps. Il expire, pousse un dernier gémissement, et ses compagnons l’abandonnent dans la poussière des champs où il gît oublié et inconnu. Opis reprend son vol vers l’Olympe.

Privé de sa reine, le léger escadron de Camille s’enfuit le premier ; les Rutules fuient épouvantés ; le bouillant Atinas fuit de même ; les chefs découragés et les bataillons en désordre cherchent un sûr abri, et tournent leurs chevaux vers les remparts. Vivement poursuivis par les Troyens qui leur apportent la mort, aucun d’eux n’ose leur opposer ses armes ou soutenir le choc de l’ennemi : leurs arcs détendus pendent sur leurs épaules languissantes, et leurs coursiers battent la plaine de leurs pieds rapides. De noirs tourbillons de poussière s’élèvent et roulent jusqu’aux remparts ; et, du sommet des tours, les femmes, se meurtrissant le sein, poussent vers les astres des cris lamentables.

Ceux qui, les premiers, se sont précipités vers les portes ouvertes, sont écrasés par la foule des ennemis et de leurs compagnons, serrés et confondus dans cette horrible mêlée. Au lieu