Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/665

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

répandent, impatientes, hors des murs. Les Troyens, les Toscans, diversement armés, s’avancent de leur côté ; tous sont munis de fer, comme si Mars les appelait aux luttes meurtrières. Au milieu de cette foule de combattants, voltigent les chefs, que distingue l’éclat de l’or et de la pourpre : Mnesthée, de la race d’Assaracus ; le brave Asylas, et Messape, dompteur de coursiers et fils de Neptune. Au signal donné, les deux armées se replient dans leurs limites, fixent leurs lances dans la terre, et déposent leurs boucliers. Les femmes, le peuple sans armes, les vieillards affaiblis par l’âge, viennent avec empressement assister à ce spectacle : ils couvrent les tours et les toits des maisons, ou se pressent debout au-dessus des hautes portes de la ville.

Du sommet de ce mont, appelé maintenant Albain (alors sans nom, sans honneur et sans gloire), Junon regardait la plaine, les deux armées et la ville de Latinus. Soudain elle s’adresse à la sœur de Turnus, déesse qui préside aux eaux stagnantes et aux fleuves retentissants : c’est un honneur que Jupiter, le puissant souverain de l’Olympe, lui accorda pour prix de la virginité qu’il lui ravit. « Nymphe, la gloire des fleuves, toi qui es si chère à mon cœur, tu sais que je t’ai préférée à toutes les femmes du Latium qui sont entrées dans la couche infidèle du