Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/664

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Ainsi s’exhale sa fureur : son visage lance d’ardentes étincelles, et le feu brille dans ses yeux enflammés. Tel, préludant au combat, un jeune taureau fait entendre d’effroyables mugissements, essaie ses cornes menaçantes en luttant contre des troncs d’arbres, frappe l’air à coups redoublés, et, préludant au combat, fait voler la poussière autour de lui. De son côté, non moins terrible sous l’armure que lui donna sa mère, Énée aiguillonne son courage, et donne cours à sa fureur : heureux des conditions offertes, il se réjouit de pouvoir ainsi terminer la guerre. Il rassure ses compagnons et calme les alarmes d’Iule, en leur découvrant les arrêts du destin. Ensuite des envoyés sont chargés de porter sa réponse au roi Latinus, et de lui dicter les lois de la paix.

Le lendemain, à peine le jour naissant dore de sa clarté la cime des montagnes, à peine les coursiers du Soleil, sortis du gouffre profond des mers, soufflent de leurs naseaux des flots de lumière, déjà les Troyens et les Rutules mesurent et disposent, sous les remparts de la ville, l’espace destiné au combat. Au milieu, sont les foyers sacrés et des autels de gazon pour les dieux des deux peuples. Voilés de lin, et le front couronné de verveine, les prêtres apportent l’eau et le feu. Les portes de la ville s’ouvrent, et les légions latines, armées de leurs longs javelots, se