Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/674

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est conclu, et toutes les conditions sont réglées ; c’est à moi seul de combattre ; fiez-vous à moi, et bannissez vos alarmes : cette main assurera l’alliance jurée ; les sacrifices offerts réservent Turnus à moi seul. » Tandis qu’il parle ainsi, une flèche aux ailes rapides vient, en sifflant, le frapper. Quelle main l’a lancée ? Quel effort l’a poussée à travers les airs ? Qui procure aux Rutules tant de gloire ? est-ce le hasard ? est-ce un dieu ? On l’ignore : l’honneur de ce fait mémorable est resté dans l’ombre, et nul ne se vanta de la blessure d’Énée.

Dès que Turnus a vu Énée se retirer du champ de bataille, et les chefs des Troyens se troubler, une soudaine espérance le ranime et l’enflamme ; il demande ses chevaux et ses armes, et saute fièrement sur son char, dont il prend les rênes en main. Il vole, et d’intrépides guerriers tombent en foule sous ses coups ; beaucoup d’autres sont renversés à demi morts sous les roues de son char qui écrase des bataillons entiers : des traits qu’il leur arrache il perce les fuyards. Tel, sur les rives de l’Hèbre glacé, Mars, altéré de sang, frappe son bouclier retentissant, et, semant la guerre, lâche la bride à ses coursiers furieux : dans la plaine ouverte devant eux ils volent plus rapides que le Notus et le Zéphyre ; les extrémités de la Thrace gémissent sous le bruit de