Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/673

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royauté : celui-ci recule et tombe à la renverse, la tête et les épaules embarrassées dans les autels qu’il n’a pas vus. Messape accourt furieux, et, sourd à ses prières, le frappe violemment du haut de son cheval, et le perce de sa longue javeline. « C’est bien, dit-il ; voilà une victime plus agréable aux dieux. » Les Italiens arrivent, et dépouillent le cadavre encore chaud.

Corynée saisit sur l’autel un tison ardent, et, au moment où Ébusus s’avance pour le frapper, il lui en présente le feu au visage : la longue barbe d’Ébusus s’enflamme, et répand une odeur infecte : Corynée, profitant de son trouble, se jette sur lui, le saisit de la main gauche par les cheveux, le presse fortement du genou contre la terre, et lui plonge dans le flanc sa tranchante épée. Podalire poursuit et menace de son glaive le pasteur Alsus qui se précipitait, au premier rang, à travers les traits ; mais Alsus se retourne, et d’un revers de sa hache lui fend par le milieu le front et le menton ; son sang jaillit au loin et arrose ses armes : un dur repos et un sommeil de fer s’appesantissent sur ses yeux, qu’une nuit éternelle vient fermer.

Cependant le pieux Énée, le tête nue, tendait une main désarmée, et rappelait les siens par ses cris : « Où courez-vous ? D’où a surgi cette discorde subite ? Oh ! réprimez ces colères. Le traité