Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/678

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retroussée, selon l’usage de Péon, se hâte d’employer tous les moyens que fournissent à son art la dextérité de la main et la puissance des herbes d’Apollon. Vains efforts ! Le fer résiste aux doigts qui le remuent et à la pince mordante. La fortune n’est pas propice à ses soins, et Apollon, son maître, l’abandonne. Et cependant l’effroi règne de plus en plus dans la plaine, et le danger se rapproche. Une épaisse poussière couvre le ciel ; les cavaliers s’avancent, et une grêle de traits vient tomber au milieu du camp : dans les airs s’élèvent les cris horribles des combattants et des mourants.

Alors Vénus, vivement frappée des souffrances imméritées de son fils, cueille sur le mont Ida le dictame aux feuilles cotonneuses et à la fleur de pourpre. Cette plante n’est pas inconnue de la chèvre sauvage, quand une flèche rapide s’est fixée dans ses flancs. Vénus, cachée dans un nuage obscur, apporte le dictame, en imprègne l’eau contenue dans un vase brillant, et lui donne une secrète vertu en y mêlant les sucs salutaires de l’ambroisie et l’odorante panacée. Le vieux Iapis, sans connaître la puissance de cette eau, en arrose la plaie : soudain la douleur a fui tout entière du corps d’Énée ; le sang s’est arrêté au fond de la blessure ; la flèche, d’elle-même, suit la main et se dégage sans effort ;