Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/679

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et le héros a recouvré toute sa vigueur. « Des armes ! s’écrie Iapis, vite des armes pour Énée ! Que tardez-vous ? » Et lui-même, le premier, l’enflamme d’une belliqueuse ardeur. « Non, ajoute-t-il, ce résultat n’est pas dû à des forces humaines ni aux secrets de mon art, et ce n’est pas ma main qui vous sauve, ô Énée : un dieu plus puissant agit ici, et vous appelle à de plus grands exploits. »

Le héros, avide de combattre, a déjà chaussé ses brodequins d’or ; il s’indigne des retards, et brandit sa lance. Aussitôt qu’il s’est armé de son bouclier, et qu’il a endossé sa cuirasse, il embrasse Ascagne en l’entourant de ses armes, et, à travers son casque, lui effleurant le front d’un baiser, il lui dit : « Enfant, apprends de moi la vertu et la vraie constance dans les rudes travaux ; d’autres t’enseigneront le bonheur. Aujourd’hui mon bras armé assurera ton salut, et tu recueilleras le noble fruit de ma victoire. Et toi, bientôt, quand tu auras atteint un âge plus mûr, garde ces souvenirs, rappelle en ton esprit l’exemple des tiens, et que ton courage s’anime en songeant que tu es le fils d’Énée et le neveu d’Hector. » À peine a-t-il parlé, qu’il franchit fièrement les portes, en brandissant dans sa main un énorme javelot : en même temps, suivis d’un épais bataillon, Anthée et Mnesthée se précipitent ; toute l’armée s’écoule du camp qu’elle