Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/686

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Il dit ; tous les cœurs s’enflamment d’une même ardeur. Les bataillons se forment en colonne, serrent les rangs et se portent sur la ville. Déjà les échelles sont dressées, déjà les feux apparaissent. Les uns courent aux portes, et égorgent les premiers qu’ils rencontrent ; les autres brandissent des javelots et obscurcissent le ciel d’une nuée de traits. Énée, à la tête des siens, est déjà sous les murs de la ville : la main levée vers le ciel, il accuse à haute voix Latinus : il atteste les dieux qu’on le force à reprendre les armes ; que les Italiens ont deux fois provoqué la guerre, deux fois rompu les traités. Cependant les assiégés, dans leur effroi, sont en proie à de violents discords. Les uns veulent que l’on ouvre les portes aux Troyens, et entraînent avec eux le roi lui-même sur les remparts. Les autres prennent les armes, et persistent à défendre leurs murs. Ainsi, lorsqu’un pasteur a découvert des abeilles dans le creux d’un rocher, qu’il remplit d’une amère fumée ; troublées, effrayées, elles s’agitent en désordre au milieu de leurs remparts de cire, et s’excitent à la colère par de longs bourdonnements ; une noire vapeur roule sous leur toit : le rocher retentit intérieurement d’un sourd murmure ; la fumée s’échappe dans les airs.

Les Latins fatigués sont frappés d’une nouvelle infortune, et un deuil cruel vient troubler la ville tout entière. Quand la