Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/689

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cours ; j’ai vu ce grand guerrier succomber à une grande blessure. Il a péri de même, le malheureux Ufens, pour ne pas être témoin de notre honte ; ses armes et son corps sont au pouvoir des Troyens. Il ne manque plus à mon déshonneur que de laisser détruire nos foyers ! et ne faut-il pas que mon bras réfute les discours de Drancès ? Moi, reculer ! cette terre verrait fuir Turnus ! La mort est-elle donc un si grand malheur ? Soyez-moi propices, dieux des enfers, puisque les dieux du ciel me retirent leur appui. Pure d’un pareil opprobre, mon âme sans tache ne descendra point vers vous indigne de mes illustres aïeux. »

À peine a-t-il dit ces mots, que Sacès, qui vole à travers les ennemis sur un coursier écumant, arrive, blessé d’une flèche au visage, et, implorant à haute voix le secours de Turnus, se précipite vers lui : « Turnus, nous n’avons plus d’espoir qu’en vous ; prenez pitié des vôtres. Énée tonne contre nos remparts ; il menace de renverser les hautes tours de Laurente et de détruire la ville de fond en comble. Déjà les brandons enflammés volent sur les toits : c’est sur vous que se portent tous les vœux, que se tournent tous les regards. Latinus lui-même hésite sur le choix d’un gendre et sur l’alliance qu’il doit rechercher. Vous dirai-je encore plus ? La reine, si fidèle à son amitié pour vous, s’est