Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/8

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cherchant à expliquer un passage astronomique des Géorgiques : «…Virgile, qui ne commet jamais d’erreur en matière de science. »

Il écrivit d’abord des distiques, des épigrammes, de petits poëmes ; on croit en avoir quelques-uns. Dans l’un de ces premiers poëmes, le Moucheron, et dans l’un des passages qui paraissent être de Virgile, on reconnaît, au moment où le pasteur de chèvres est montré conduisant ses troupeaux au pâturage, un tableau du bonheur de la vie champêtre, de celle du pasteur, qui est comme une ébauche du futur tableau des Géorgiques en l’honneur des laboureurs : « Heureux le pasteur aux yeux de quiconque n’a pas désappris déjà par trop de science à aimer les champs, la pauvreté rurale ! »

Mais ce sont les Églogues qui marquent véritablement son début. De bonne heure, il conçut l’idée de naturaliser dans la littérature et la poésie romaine certaines grâces et beautés de la poésie grecque, qui n’avaient pas encore reçu en latin tout leur agrément et tout leur poli, même après Catulle et après Lucrèce. C’est par Théocrite, en ami des champs, qu’il commença. De retour dans le domaine paternel, il en célébra les douceurs et le charme en transportant dans ses tableaux le plus d’imitations qu’il y put faire entrer du poëte de Sicile. C’était l’époque du meurtre de César, et bientôt du triumvirat terrible de Lépide, d’Antoine et d’Octave : Mantoue, avec son territoire, entra dans la part d’empire faite à Antoine, et Asinius Pollion fut chargé pendant trois ans du gouvernement de la Gaule Cisalpine, qui comprenait cette cité. Il connut Virgile, il l’apprécia et le protégea ; la reconnaissance du poëte a chanté, et le nom de Pollion est devenu immortel et l’un des beaux noms harmonieux qu’on est accoutumé à prononcer comme inséparables du plus poli des siècles littéraires.

Pollion ! Gallus ! saluons avec Virgile ces noms plus poétiques pour nous que politiques, et ne recherchons pas de trop près quels étaient les hommes mêmes. Nourris et