Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/123

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Au major Bellenden de Charnwood.


« Mon très-honoré oncle,

« Cette lettre vous apprendra que je désire savoir comment va votre goutte, car nous ne vous avons pas vu à la dernière fête, ce qui nous a fort inquiétées, ma grand’mère et moi ; et si votre incommodité vous permet de voyager, nous serons charmées de vous voir à notre pauvre maison à l’heure du déjeuner, attendu que le colonel Graham de Claverhouse doit passer ici dans sa marche, et nous voudrions avoir votre aide pour recevoir et fêter un militaire aussi distingué, qui probablement ne se plaira pas beaucoup dans une société de femmes. Aussi, mon cher oncle, je vous prie de dire à mistress Carefor’t, votre femme de charge, de m’envoyer ma robe de soie à double garniture et à manches pendantes. Elle la trouvera dans le troisième tiroir de la commode en noyer de la chambre verte, que vous avez la bonté d’appeler la mienne. De plus, mon cher oncle, je vous prie de m’envoyer le second volume du Grand Cyrus, attendu que je n’ai lu que jusqu’à l’emprisonnement de Philipdaspes, à la sept cent troisième page ; mais surtout je vous supplie de venir demain avant huit heures du matin ; et votre bidet est si bon, que je crois que vous le pourrez sans vous lever avant votre heure ordinaire. Ainsi, priant Dieu de vous conserver en bonne santé, je suis votre nièce dévouée et affectionnée,

« Édith Bellenden.

Post scriptum. Un parti de soldats a amené, hier soir, prisonnier votre ami le jeune M. Henri Morton de Milnwood. Je présume que vous serez fâché du malheur de ce jeune gentilhomme, et par conséquent je vous le fais savoir au cas où vous voudriez parler pour lui au colonel Graham. Je n’ai pas dit son nom à ma grand’mère, connaissant ses préjugés contre la famille. »

Elle cacheta bien cette épître et la donna à Jenny ; cette fidèle confidente se hâta de la transmettre à Goose Gibbie, qu’elle trouva prêt à partir du château. Elle lui donna plusieurs renseignements sur sa route, craignant qu’il ne se trompât, car il n’avait parcouru ce chemin que cinq ou six fois, et il n’avait qu’une mémoire proportionnée à son mince jugement. Enfin, elle le fit sortir de la maison par la fenêtre de l’office, d’où il se rendit dans l’arbre touffu qui croissait à côté, et elle eut la satisfaction de le voir ar-